Lorsque nous accostâmes, c'était sur le côté pauvre de l'ile. Le côté de l'ile que je ne connaissais pas. Tout le monde mourrait de faim et vivait dans des maisons rapiécés qui ne tiendraient surement pas l'hiver. C'est alors que je pris conscience que je ne connaissais pas vraiment Luvneel. Tout ce que j'en connaissais c'était mon palais aux baignoires de marbre et aux lustres de cristal. Je ne me rendais pas compte que, pendant que mes serviteurs me lavaient les pieds pour la troisième fois, de l'autre côté du palais des mômes crevaient de faim. Je n'étais qu'un abruti, aveugle à la souffrance des autres. Quand, après une longue marche au milieu du bidon ville, nous arrivâmes à la porte, elle était très bien gardé, c'est le moins que l'on puisse dire. Dix malabars avaient planté leur hache devant la porte.
Et je suppose que ce n'est pas la porte principale?
Un vieil homme vêtu de haillons lui répondit qu'effectivement, ceci était la porte du personnel et que pour avoir une chance de rentrer dans la château, il faudrait rentrer par la porte du chien qui n'est gardée "que" par trois soldats. Il me tendit ensuite un paquet dont je sortis un magnifique costume blanc. Pense: Il n'a pas l'argent de s'acheter des vêtements convenables et il me fait de tels cadeaux? Une veste en poil de rhinocéros poilu comme celle-la doit coûter extrêmement cher! Avant que je n'ai le temps de lui poser de questions, il m'indiqua une cabane en pierre où je pourrais faire ma toilette. Effectivement, il y avait à l'intérieur un petit lavabo ainsi qu'un peigne. Je m'en servis donc. Lorsque je revins en compagnie de mon équipage et du vieil homme, ce dernier nous amena vers la "porte du chien" et contre toute attente, sortis un marteau de sa cape et frappa avec une force phénoménale sur le torse du premier soldat. Les deux autres prirent donc leur lance en main et foncèrent sur nous. Le vieillard s'écarta alors de leur passage et abaissa son arme. Ne pourrait-il pas venir nous aider plutôt? Ils n'étaient que deux mais visiblement bien entrainés. Mes boomerangs ne leur faisait rien et les cheveux du Tulun tout comme les fils de Chiam n'avait visiblement aucun effet. Bjorn avait réussi à s'en occuper d'un à lui tout seul mais semblait avoir du mal. C'est alors que le vieil homme me donna discrètement un boomerang à la forme différente du mien. Il avait de petite ailes sculptées au bout. Bon, je ne perds rien à essayer aussi avec celui-là. Et j'essayai donc. Le lancer créa une bourrasque de vent qui envoya les colosses contre le mur et permit à Bjorn de reprendre le dessus. Le vieillard ne voulait pas que l'on les tue mais voulait que Chiam, Tulun et Bjorn restent pour éviter qu'ils ne donnent l'alarme une fois réveillés. Il insista cependant lourdement sur le fait qu'il ne fallait pas les mettre à mort. Il rampa ensuite pour passer par le trou du chemin et je fis de même. Le jardin du château était somptueux. Plus même que dans mes souvenirs lointains. Ne prenant pas le temps de l'admirer, mon guide se dirigea vers un bout du jardin qui servait visiblement de poubelle.
Une fois devant un mur à l'arrière de château, le vieil homme l'escalada avec une facilité déconcertante et me fit signe de faire de même. Depuis le balcon, la vue sur les cuisines était imprenable. Des centaines de cuisiniers y travaillaient sans relâche.
Ici, la traversée sera facile. Le personnel est tellement débordé qu'il ne nous remarquera même pas.
Il s'avéra que ses dires étaient exactes. La porte de la cuisine donnait elle sur un long couloir remplit de lustres de cristal et de somptueux tapis.
A cette heure-ci, ils sont là bas. Troisième porte à gauche, c'est le seul moment de la journée où ils n'ont pas de garde du corps.
Je le suivis donc jusqu'à la porte indiqué qu'il m'ouvrit. J'y vis mes parents. Mon père comptait des pièces d'or tandis que ma mère choisissait sa tenue pour la journée. Ils ne remarquèrent ma présence que lorsqu'avec le pistolet que m'avais confié le vieil homme je tirais sur ma mère, ne la ratant que de peu. Sans leur laisser le temps de poser plus de questions, le vieil homme arriva à côté de moi, un gros maillet à la main. Il courut vers mon père et lui éclata la boite crânienne. La sang coulait le long des es vêtements pour atterrir sur le tapis qui en était immaculé. Suivant son exemple, je lançai mon boomerang qui atterrit dans la nuque de ma mère qui s'effondra alors sur le piano puis tomba alors sur le sol. Le sang là aussi dégoulinait.
On devrait peut-être partir si on veut éviter d'être noyés dans leur sang.
Sans me répondre, le vieil homme cassa la fenêtre et en sauta, atterrissant dans un parterre de tulipe. Je fis de même et nous retrouvions peu après nos compagnons. Quand nous retournions au bateau, le vieil homme nous suivait encore.
Pourquoi nous suivez vous?
Vous êtes bien des pirates?
Non! Le dis pas! Moi quand j'ai dit qu'on était des pirates, après on a été sur l'ile des prisonniers.
J'en déduis que vous en êtes. Puis-je rejoindre votre équipage? Au fait, je m'appelle Vecchio.
Interrompant les rires des autres membres de l'équipage, je leur racontait comment il avait escaladé la paroi ou éclaté la tête de mon père avec le marteau. Chiam accepta donc sa place dans l'équipage et nous repartîmes en direction du bateau. Ma vengeance était accomplie.